Il était une fois, un improbable équipage.
À la suite de notre rencontre au circuit de Pau-Arnos et de notre journée d’essais, Georges Ligabue a la bonne idée de nous inscrire au Rallye des Garrigues du 16 au 17 mars 2013 à Laverune. L’invitation ressemblait à une farce que font les vieilles connaissances, une sorte de « cap ou pas cap ? ». Une balade entre pote sous forme de classement. Vous visualisez ?
Le genre de rendez-vous que les pilotes se donnent pour rouler ensemble les week-ends, puis on monte ça en assos et ça se termine rapidement en compétition. Ça met de l’enjeu et le challenge est bon enfant. Grossière analyse car ça n’a rien à voir avec un challenge bon enfant.
Le Rallye des Garrigues 2013 ouvre le championnat de France, il est organisé par le moto club du DRAC et les gars sont à cheval sur l’équipement ainsi que toutes les joyeusetés administratives.
Un grand écart avec nos journées moto ou drift organisées à l’arrache par le premier mec qui se relève d’une biture prise la veille.
Là on change de registre. Terminé la conduite en tong-shoort à grand renfort de wheeling. Là on cogne à la porte des grands. Pattes gantées à l’entrée et gommards cirés.
Vendredi 15 mars 12h, fraichement débarqué d’Ile de France.
Je retrouve Georges préparant son GSXR 1000, attelé d’un panier DJ sport qui sera ma baignoire. L’endroit où je vais passer la plupart de mon temps ce week-end. La journée file, les conseils en navigation fournit par David Bleusez sont précieux. Je tente de tout assimiler rapidement et de m’imprégner de l’ambiance qui règne chez les sidecaristes. On parle souvent de solidarité motarde portée en exemple, pourtant j’ai l’impression qu’il règne chez les sidecaristes quelque chose de plus authentique, plus naturel, comme figé dans les années soixante. Un esprit de gentleman.
J’aime ce privilège de passer d’un univers à l’autre (pas si différent), en mélangeant les milieux, en rencontrant de nouveaux personnages animés par une même flamme. La solidarité a été testée dès les premières minutes. Au moment du contrôle administratif je me rends compte que je n’ai pas la dorsale adéquate. Dorsale sans laquelle ma participation est compromise et avec moi, celle de mon coéquipier Georges Ligabue.
A ce moment-là, débarquant de nulle part, un couple au top du top ! Pas seulement parce qu’ils sont doués sur un sidecar, pas seulement parce qu’ils m’ont dépannés d’une dorsale et pas seulement parce qu’ils ont de l’humour. Mais parce qu’ils sont tout cela en plus d’être complètement barrés !
Christophe et Sylvie Lebert, alias Bbr et Gazelle sont à l’image de ce que je me faisais du sidecar. Un mental de vainqueur, précis, rapide, d’étonnants vanneurs, partageurs, et surtout en couple… C’est cette union dans la vie comme sur la piste qui me fascine.
Comment arrivent-ils à s’entendre lors d’un week-end de compétition, alors que nous autres, 5min dans les bouchons suffisent pour avoir envie de s’écharper !?
Promis, un jour la réponse vous sera livrée dans un article. En gras et en rouge.
Il est 20h, nous sommes gracieusement invités par David et sa femme sous leur tonnelle. Un magnifique jambon de pays (apporté par un autre compétiteur), est lorgné par leur deux énormes chiens, prêts à vous gratifier de mille papouilles pour être rincés au jambon. Escrocs !
David offre l’apéro à tout le monde, la température est excessivement fraiche mais l’ambiance est chaleureuse et détendue. Nous trinquons entre gentlemen à l’aube d’une bataille épique.
16 mars 2013, le fond de l’air est frais.
Nous sommes traités comme des chefs au sein de la famille de Philippe Tournier. Il en profite pour compléter mon apprentissage en navigation et nous assure que le parcours est splendide.
10h20 notre départ est donné, partis pour plusieurs centaines de kilomètres. La navigation est sous ma responsabilité. Faisons simple et succins, je nous ai planté ! A deux doigts de me gargariser d’une navigation sans faute, oui mais… Le « mais » réside dans les 10 premiers kilomètres, une intersection ratée et c’est 7km de dérive. Autant vous dire que le reste du rallye ressemblait à une visite guidée de la région sous un timide soleil. Le parcours est magnifique et les spéciales sont animées par l’équipage Amblard, tout en puissance, sans retenue et finalement vainqueur du rallye en catégorie side-car.
Nous pensions avoir course perdue et pourtant, malgré mon erreur nous finissons la journée sans prendre une grosse valise. Les résultats des spéciales nous offrent un podium. Inespéré !
Accéder à une 3e place en spéciale, même s’il manquait quelques ténors, reste un résultat honorable et encourageant pour notre frêle équipage.
Malheureusement, nous finirons par déclarer forfait à la coupure du soir. Le retard accumulé et un début d’angine pour Georges nous pousse à stopper les machines. Rien ne sert de courir, il faut être certain d’arriver vivant. Autant se préserver sur la partie de nuit et éviter de se planter dans un champ.
Une journée sans enjeu réel. Nous avons donc opté pour la sagesse en nous préservant, par un forfait pour le rallye de nuit. Ce n’est que partie remise, le 28 Avril nous attends le championnat VMA. Une autre raison d’avoir envie d’en découdre.
Le Rallye des Garrigues est un rallye routier à découvrir. La région est belle et le moto club du DRAC fait tout pour satisfaire les compétiteurs. Bien évidemment, il y a toujours quelques couacs, une petite panne de jus sous les tentes dans la soirée, un chrono qui fait des caprices en début de spéciale mais rien d’irrémédiable.
Un week-end frais mais très agréable. Une bonne expérience partagée avec des compétiteurs de qualité. Une épreuve à suivre et à courir.
Julien Toniutti confirme son talent sur sa KTM 990 SMT en remportant l’édition 2013. L’équipage Amblard s’impose avec brio en side.