L’association Trike-Bike Kultur fait entrer le Trike’Fest parmi les incontournables.

Le Trike’Fest a été globalement une réussite. Les équipages étaient accueillis au parking privatif juxtaposé au lieu des festivités. Une contribution par équipage de l’ordre de 5€ par personne permettait de recevoir un « Welcome bag », un stationnement permanent pour les 2 nuits et une invitation au pot de l’amitié du dimanche. Une fois le moteur coupé, vous pouviez déambuler parmi les 800 machines recensées. Boom-Trikes, Rewaco, Easy-Trike, Can Am Spyder, Polaris, Side Bike, Vanderhall, GG Technik (…), ont été représentés par 14 nationalités dont 2 trikers venus du Brésil.

800 trikes de tous les types

Une fois le coup d’œil effectué sur les machines garées, il suffisait d’échanger un peu de monnaie afin de se désaltérer d’un long voyage. 3€ et une mousse plus tard, j’ai pu prendre quelques photos sous la pluie et suivre les balances pour le concert du soir. Découvrir les artistes ambulants qui nous ont régalés tout le week-end, tout en espérant une météo plus clémente pour la journée du lendemain.
3 scènes, 6 concerts, 2 artères principales sur 3 jours pour 16 artistes qui se sont partagé ces espaces. Une belle vitrine d’artistes survoltés, une programmation dense qui a permis de croiser MIchel Pavaillant, les Swing Mobils, les bikers (fanfare de rue Rock’n’roll) / Cie Histoire de famille… S’ajoutant à cela, la Pin-up Family et les Shine’s girls qui ont effectué plusieurs représentations pin-up et pom-pom girls malgré une météo peu coopérative le vendredi.

Pin up’s Family, Shine’s girls, MIchel Pavaillant, Swings Mobil…

Au fil du week-end, le soleil prit la peine de se joindre à nous, en nous proposant un avant-goût de canicule. Ou c’est peut-être moi qui étais cuit de courir partout. La soif se faisant, je m’arrête me désaltérer en regardant le Country’Fest sur la scène centrale du Trike’Fest. Quelle santé ! Les spécialistes de la country se sont donnés à fond deux jours de suite animant l’allée entre les concessionnaires Yamaha et Can Am Spyder. Une scène animée tout le week-end, démontrant la résistance physique des danseurs et danseuses de country. Le bar à proximité a peut-être aidé à maintenir cette endurance au plus haut niveau.

La danse derrière moi, je me dirige au bord du lac du Bourget qui se situe à un jet de pierre de la grande scène du Trike’Fest. L’eau, les montagnes et le soleil en arrière-plan, ont rendu le cadre du site très agréable. Les festivaliers qui souhaitaient manger, faire une balade et revenir par la suite avaient l’embarras du choix. Tout est faisable à pied, à vélo, en trike et même à la voile. Les clubs nautiques étaient en représentation et des petits malins ont pu combiner deux passions en un seul endroit. Arriver en trike, faire un peu de voile, suivre le trike Show et assister au concert du soir. Que demande le peuple ? Il faut demander à Soldat Louis pour avoir la réponse !

Changement de cap et direction la scène arrière. Proche de la rampe du Trike Show, résidait le catalogue 3-roues tout en cuir et en inox. Des constructeurs, des monteurs et des concessionnaires ont fait le déplacement pour présenter les nouveautés 2024. Je m’attendais à voir Rewaco, Erikwad et JLM Concept Cars mais c’est Yamaha qui m’a surpris en étant représenté par le concessionnaire Profil Motos Yamaha Annecy. Rare sont les fabricants motos ou scooters à venir présenter leur catalogue, même lorsqu’ils vendent des 3 roues. On dédiera un article complet aux professionnels du 3-roues présents lors du festival. Il est déjà possible de dire que tous les professionnels présents ont joué le jeu en montant sur la rampe afin de présenter leur machine. Rewaco et Trike Riders y présentait la gamme Volcano et une nouvelle fois, ils ont produit une couleur d’un orange à la hauteur de ce qu’ils savent faire. Une signature que ne laisse aucun doute sur le constructeur lorsque vous croisez ce trike. Cette année, l’orange Volcano se repère comme le vert Kawasaki et devient indissociable du constructeur. Elle rend hommage à l’histoire de la marque et s’ancre définitivement dans l’inconscient collectif. Une teinte qui donne tout ce qu’elle a dès qu’on joue avec la luminosité, en renforçant le ton orangé et noir des zones plus à l’ombre. C’est une belle proposition que nous font les Allemands.

Juste en face il y avait Erikwad qui présentait en avant-première la base de son Sturgis Trike. Éric Trottier et ses équipes ont repris la marque et vont poursuivre son développement. Une allée plus loin, nous retrouvions JLM Concept Cars que nous connaissons bien et qui venait avec sa nouvelle gamme de bike-conversion sur base Goldwin. Un design plus angulaire qui reprend parfaitement la ligne de la moto et qui rafraîchit et modernise radicalement la gamme. Un grand absent, à mon sens, le constructeur Harley Davidson. Ou un concessionnaire de la marque. Beaucoup de triker sont motards ou anciens motards et roulent régulièrement avec des motards. Certains viennent de la Harley et le constructeur propose encore en 2024 un Freewheeler et une Tri Glide Ultra qui se seraient parfaitement intégrés dans ce Trike Show. Il manquait également un représentant chez les side-caristes car nous aurions adoré y voir Ural Motorcycles, Dédôme, Hechard, NCS, MS-R, DJ… Une occasion de perdu de mélanger les milieux et de découvrir des constructeurs passionnés qui mettent en place beaucoup de projets autour du side-car et de la mobilité. On fait une pause côté pro (on revient vers eux cet été).

Profil Yamaha Annecy, Trike Riders, Erikwad, Rewaco
Busato by Chossade, US Motors & Bikes, JLM Concept Cars

Une grignote et on se prépare pour la « Night Parade ». La soixantaine de bénévole a assuré la sécurité et le bon déroulement du festival. Après une journée sous le soleil, il fallait être solide pour rester vigilant afin de faire entrer dans le circuit de la parade 600 trikes à travers Aix les bains.
Le départ a eu lieu à 22h. Les moteurs tournent, des équipages sont déguisés et ont installé des éclairages sur leur monture. Orgie de couleurs, de sons et d’effets en tout genre. J’ai pu dépanner un triker Suisse qui avait emprunté tout l’éclairage du centre de Genève. Son trike pouvait illuminer un village savoyard un soir de noël. Cet équipage fort sympathique, n’était pas le seul à s’être investi à fond car nous avons pu croiser des Spyders boule à facette, des équipages Pikachu et autres bizarreries. J’ai eu l’impression d’être à la Carabalade de Paris.
Les sirènes retentissent, les premiers trikes s’élançaient et ça ne s’arrêterait plus de défiler. Les derniers sortaient à peine du parking qu’on entendait les premiers se présenter à 500m de l’entrée. L’ambiance est bonne, les équipages patients et raisonnables afin de ne pas excessivement gêner les riverains. Les trottoirs jouxtant le parcours de la parade étaient bien garnis malgré l’horaire tardif, prouvant que les Aixois étaient prêts à poursuivre l’aventure auprès des trikers.

Nos amis Suisse avant le départ de la Night Parade

Que reste-t-il du Trike’Fest un mois après ?

Tout d’abord l’organisation. Incontestablement une grosse machine à gérer, mêlant beaucoup de corps de métier. La taille de l’évènement ne permettait plus l’improvisation des petites concentrations que nous avons pu connaître. J’ai pu suivre et travailler avec des professionnels du spectacle sur des grosses productions. C’est très compliqué à mettre en place, à driver et à anticiper. Il y a évidemment des choses à ajuster, mais ça reste à la marge. Un choix convenable en restauration, des places assises étaient prévues et les sanitaires ont tenu le coup pendant les trois jours. C’était facile d’entrer et sortir et le cadre permettait de profiter du lac et des prestations à côté du festival. Oui, il y aurait pu avoir une zone mieux couverte pour manger et avec plus de place. Oui, un WC de plus aurait été confortable. Oui, un stand de repas supplémentaire aurait pu désengorger le temps d’attente du midi. La plupart d’entre nous ont traîné dans les rassos, et ça depuis des années. Il y a toujours un point faible, soit l’environnement, soit la restauration, soit l’accessibilité, la boue, les prestataires, le son, les sanitaires et j’en passe. À titre personnel, j’ai aimé accéder rapidement à la zone. De pouvoir récupérer mon matériel sans galérer à rejoindre mon véhicule. Avoir une zone de rassemblement à droite du parking avant la sortie si on souhaitait attendre les frangins et les frangines pour partir groupé. J’ai pu prendre une pizza devant un concert après la « Night Parade », sans galérer à trouver une place. Les artistes étaient accessibles et j’ai adoré les croiser dans les allées. Les professionnels sont venus en nombre et sont restés tout le week-end.
J’ai pu faire trois rassemblements à Aix-les-Bains, et pour moi c’est une belle évolution. Les baptêmes de milieu de journée qu’on a pu vivre avec Zicomatic m’ont manqué, tout comme la proximité que nous avions entre trikers. C’était dû à une taille plus minimaliste, plus familiale qu’on pouvait vivre lors des premiers rassemblements à Aix-les-Bains. Cependant, on ne peut pas espérer voir des gros évènements et croire qu’on peut avoir le beurre, l’argent du beurre et ce que veut bien offrir la crémière. Gérer 800 équipages, ce n’est plus la même histoire que faire venir 50 potes. L’organisation a dû faire des choix, qu’on aime ou pas. La question est : Est-ce que ces choix ont été assumés et bien menés ? Oui ! Sans aucun doute. Lietti Gilles, au travers de son association Trike-bike Kultur voulait un rassemblement de taille, des concerts et accueillir tout le monde. Le cahier des charges est rempli. C’est réussi.

Je tente de conclure cette expérience en effectuant un exercice de pensée, imaginant la place du trike’Fest à l’avenir. Comment trouver son positionnement parmi des rassemblements qui ont mixé les trikers et les motards (Les Bayoux, les Brescoudos…) ou des évènements side-cars légendaires (Millevaches…) ? Certains de ses rassemblements ont une grosse notoriété et reçoivent énormément de visiteurs.
Le Trike’Fest a sa place dans cet écosystème. Il a fait le choix de se présenter comme un spectacle incluant des artistes et des professionnels dans un cadre moins rustique que d’habitude. C’est pour moi son point fort. Il existe une belle diversité de rassemblement en France et celui-ci pourrait être un rendez-vous tous les deux ou trois ans lors duquel les meilleurs artistes qui tournent sur d’autres festivals pourraient se présenter. Le tout ponctué par une place forte de professionnels du 3-roues qui viendraient faire essayer leurs machines lors de sorties organisées. Cela permettrait aux constructeurs de moins dépendre des salons motos et autos qui meurent doucement. Sans parler des trikers qui pourraient rouler en montagne et autour du lac, puis profiter des spectacles tout en finissant par découvrir des constructeurs et des types de 3-roues qu’ils ne connaissent pas.
En somme, c’est un festival qui doit se faire attendre et désirer. Et quand il est annoncé, on veut se faire tabasser par la proposition. Voir des machines, écouter du rock, revoir des potes, vivre des concerts, partir en balade et découvrir des clubs ou des associations de trikers. On fait confiance aux équipes de TRIKE-BIKE KULTUR qui nous ont proposé un bon festival pour plancher sur la prochaine édition.

On se revoit en 2026 et en attendant, roulez 3 roues !