Constructeur historique, Rewaco renforce sa gamme sans prendre de risque.

Dorénavant, il faut s’habituer à voir un seul constructeur de trike dominer le marché européen.
Exit Boom-Trikes, Easy-Trike, Triketec… Il reste uniquement des artisans comme JLM Concept Cars à qui on doit le Trike Cobra (Le modulable) et le bike-conversion Hayabusa (Hayabusa Trike).
Le reste de la concurrence en Europe se compte sur les doigts d’une main avec une capacité de production anecdotique. Rewaco se retrouve donc en position de monopole sur le marché européen et n’est pas bousculé outre-Atlantique et sur le reste du globe. Paradoxalement, le constructeur voit ses trikes en plein match face à une offre diversifiée et originale qui aspire une partie de la clientèle potentielle. Des noms comme Can Am Spyder, Polaris, Morgan, Vanderhall, Pembleton, Campagna Motors… Ils viennent se placer indirectement face à Rewaco. Les Allemands réaffirment leur positionnement en restant dans leur zone de confort, sans faire de vague, en prenant la température de cet après Covid. Pas de bike-conversion, pas de modèles légers électriques, pas de propositions sportives… On reste sur des trikes aisément identifiables en réaffirmant l’identité visuelle et en mutualisant les éléments mécaniques de toute la gamme afin de réaliser des économies d’échelle.

L’année 2024 va-t-elle nous proposer un bouleversement ? Réponse rapide. Non.

On reconnaît la gamme du constructeur qui bouge très peu et casse avec le rythme des évolutions que nous avons pu connaître entre 2010 et 2020. Une décennie de lutte où nous avons vu le RF1 face au X11, le FX6 en motorisation Harley faire de la concurrence aux moteurs VW Cox ou encore les légendaires 1800cox 3 places devoir affronter le X12 de Boom-Trikes. Et n’oublions pas ce choix des 1800 Intruder pour lancer leur gamme de bike-conversion ! Chaque année proposait son lot de changement significatif parmi les acteurs du monde du trike, c’était incroyable de tester les nouveaux moteurs, les tailles de pneumatiques modifiées, l’arrivée des boîtes automatiques, la disparition du fameux levier de vitesse en position centrale, le dimensionnement de fourche revue et corrigé, l’électronique fiabilisé, les coffres carénant le moteur (ça paraît idiot, mais c’était un bouleversement). Une décennie de bousculade, un ping-pong permanent qui a dynamisé le marché par sa proposition et son évolution.
Pourquoi ce ralentissement ? Notre avis (si ça intéresse quelqu’un), c’est que le constructeur sort d’une période durant laquelle il a tiré la langue en subissant la Covid, l’augmentation des coûts qui impacte l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. L’horizon s’est dégagé depuis peu et ils vont bénéficier d’un champ libre sans Boom-Trikes en face. Le marché lui est presque dédié et dans ce contexte c’est le moment de serrer les dents, réinvestir et consolider les bases. C’est la stratégie que semble adopter Rewaco en décidant d’asseoir sa position sur des engins qu’on connaît, qu’on identifie, qui sont fiabilisés et qui partagent les atouts des modèles du catalogue. Limiter la proposition et mutualiser les efforts.
Éclaircissement de la gamme, une base commune connue et maîtrisé et des options cohérentes. On retrouve le PUR3 Explorer / PUR3 GT / RF1 GT / RF1 ST2 & ST3

PUR3 Explorer, a un positionnement équivalent au Can Am Spyder Ryker. Un style plus compact, plus épuré, tourné vers les trikers-euses occasionnelles, découvrant les joies des journées ensoleillées. Sac étanche, support vélo… C’est le « petit » trike au top pour se balader proche de chez vous.

PUR3 GT, est le petit frère du RF1 GT et plutôt bien né. Il était précédemment moins puissant que le RF1 GT, mais vous pouvez désormais adapter la motorisation. L’accès au moteur se fait sur vérin et le design se voit être tout aussi « racing » que le RF1 GT. Il ne sera pas évident de se décider entre un PUR3 GT et un RF1 GT.

 

RF1 GT, le patron de chez Rewaco. Indéboulonnable trike qui est reconnaissable entre tous. C’est lui le fil rouge du constructeur, le boss des trikes. Il revient avec ses rondeurs, une ouverture sur vérin, ses écopes latérales et les feux intégrés dans le coffre. Rien de très nouveau sous le soleil, ce modèle 2024 ne perdra pas les habitués et saura convaincre les nouveaux.

RF1 ST2 et ST3, sont les trikes les plus « rétro ». Les feux sur le garde-boue c’est notre madeleine de Proust. Pendant 20 ans les trikes ont vu ce montage de la signalisation arrière et tous les anciens connaissent cette signature. La gamme ST créa la surprise lorsqu’elle a été présentée il y a quelques années avec les coffres en accoudoir. L’option « side case » est désormais partagée avec d’autres trikes du constructeur et garde les vérins pour l’ouverture de la coque. Le tarif du ST2 semble très proche du RF1 et du PUR3, ça va être dur pour lui de maintenir son positionnement. La version ST3 est le réel atout de la gamme car on retrouve la version 3 places et ça prend tout son sens côté tarif. Ce ST3 sera-t-il décliné en Touring ? Rien n’est certain. On regrette que le légendaire family de chez Rewaco, notamment à l’époque des 1800cc Cox, soit devenu un trike par « défaut ». Il était mythique et on aurait aimé une vraie gamme dédiée à ce 3 places. C’est facile à dire vu de nôtre siège car Boom-Trikes avait lancé le X12 à grands frais pour finalement abandonner la gamme au bout d’une ou deux saisons. On reste sur notre fin/faim avec ce 3 places qui aurait mérité un zeste d’attention supplémentaire.

Côté motorisation, ça tourne autour de la déclinaison du Ford 1,5 l 110ch Duratec.

1,5 l, 4 cylindres VCT de 110ch boîte auto 7 vitesses

1,5 l, 4 cylindres VCT TURBO de 140ch boîte auto 7 vitesses

1,5 l, 4 cylindres VCT TURBO + de 177ch boîte auto 7 vitesses

Toutes les catégories peuvent être déclinées en version Touring permettant d’avoir un bouclier avec le saut de vent et un protège-jambe plutôt bien dessinés et intégrés. Nous regrettons que l’option ne soit pas disponible pour le ST3 qui ne se voit pas proposer le kit lors de la configuration du trike. Dommage car ce saut de vent aurait été idéal pour les passagers du ST3. Une question à soulever auprès des concessionnaires.

Ce qui nous amène à la situation des concessionnaires en France. Ce n’est plus celle de la grande époque mais on voit une tendance au renouveau. Des transferts d’équipe ont été effectués avec Sud Trike qui passe de Boom-Trikes à Rewaco ; le touche à tout Eritrik (extension du plus gros concessionnaire d’Europe Erikwad) est toujours en place et très en forme dans le Nord ; le petit nouveau Twinkat vient insuffler le renouveau pour faire monter le total des revendeurs officiels Rewaco à 6 pour la France. C’est encourageant car le marché français se restructure doucement malgré le prix des trikes neufs élevés, heureusement soutenu par le marché de l’occasion proposant des machines en très bon état, entretenu par des propriétaires passionnés à un prix plus abordable.

photo RF1 LT E-trike flash by trike-europe salon de la moto 2015

Une année 2024 sans surprise mais pas décevante. On se retrouve avec une gamme cohérente qui compose avec une réalité économique. La mutualisation des pièces, des châssis et des accessoires va permettre à Rewaco de pérenniser son modèle économique et peut-être de relancer des nouveautés en 2025-2026. Il serait dommage que le constructeur allemand stagne sans tenter de nouvelles choses car la communauté réclame une gamme plus épurée, un zeste plus dépouillé que l’Explorer afin d’être plus agressif sur le prix en entrée de gamme. Faut-il tenter de nouveau l’électrique comme le RF1 LT e-trike (précurseur dans ce domaine 2015-2016) ? Un autre design pour le 3 places ? Un trike dépouillé dans l’esprit rat’s ? L’évolution de Rewaco se fera par la prise de risque, une bonne exécution des idées, tout en tapant dans l’œil de la communauté. L’exercice est très difficile car les marges de manœuvre n’existent quasiment pas dans ce monde. Un modèle boudé et vous frôlez le dépôt de bilan.

Cette année, l’exercice est maîtrisé et ça nous donne déjà envie de voir ce qu’ils vont proposer pour la deuxième moitié de cette décennie. La transition de 2030 se joue maintenant et les enjeux sont de taille, ce qui présage d’énormes surprises (pour le meilleur et pour le pire), lors de ces cinq prochaines années.