L’ère du temps. Être là au bon moment.
Exécuter le bon geste au temps T (ou instant « t » en physique). Nous sommes à la croisé des chemins, à deux doigts du Tribunal des Variations Anachroniques (TVA), proche du jugement de Chronos. Kairos l’influenceur du temps est capable de varier l’arc du destin. La technologie proposée par Sirems Association ouvrira-t-elle le multivers ? Ceux qui ont la technologie et ceux qui ne l’ont pas, proposant par ce simple fait une finalité différente de nos existences ?
Il est possible d’être ce dieu grec par moments. Connaissez-vous cet instant en apesanteur lorsque un side-car de course fait son transfert de masse ? Peu d’être vous l’ont vécu. Le temps s’écoule d’un virage à l’autre, mais le singe (le passager) va influer sur la destinée de cette trajectoire. Tout va se jouer au moment où son corps va pouvoir changer de position en utilisant le moins d’énergie possible. Pour cela, il va se servir de l’inertie et de la force centrifuge pour ressentir le mouvement des masses de son corps et du side-car afin d’optimiser son mouvement sans se fatiguer et sans perturber le pilote. La compréhension du geste juste au bon moment va permettre à l’équipage de maintenir son grip et sa trajectoire dans une danse chorégraphiée qui optimisera le chronomètre et permettra d’attaquer le prochain segment. Segment dans lequel il faudra une nouvelle fois recréer cette synergie.
Ce scooter 3 roues va vous proposer la même expérience en jouant sur les masses. Il dispose d’un Dispositif de Retenue Programmée breveté (DRP), qui officie dans certaines phases de retenues et doit se désactiver lorsque les forces sont en ruptures avec l’effet désiré. Cet effet et de vous retenir sans vous contraindre.
Le projet Kairos, c’est le développement d’un 3 roues qui agit à l’instant précis pour vous préserver. Développé par Sirems Association, présidé par M. Girardi a pour objectif une sinistralité réduite des motards et autres utilisateurs de deux et trois-roues. Il a donc fallu au designer M. L’Hopitault, de l’ingéniosité et un beau coup de crayon pour dessiner les contours du Kairos en gardant en tête que le design est au service de la sécurité.
La réflexion devait déboucher sur le véhicule le plus sécurisant et sécurisé du marché, sans sacrifier le dynamisme et l’emport. Nous avons là l’objet final d’une démarche logique et pragmatique partant de l’analyse des risques liés aux deux et trois roues. En 2023, on dénombrait un peu plus de 700 décès, ce qui représente 20% des usagés alors que la population de 2RM n’est que 4% du parc roulant. Les trois-quart du temps les motards subissent un choc frontal, entraînant une projection ou un encastrement.
Ce n’est donc pas un produit commercial tiré d’une vision artistique ou lyrique sur laquelle on aurait collé un moteur et des roues pour vendre une marque. La démarche, c’est l’aboutissement du pragmatisme sublimé par un design adapté aux contraintes sécuritaires.
Le développement et la réalisation du Kairos doivent servir deux objectifs : protéger et servir.
Il est intéressant que le designer M. L’Hopitault, prenne le contrepied d’un ancien concept (2011-2012) de chez Peugeot nommé ONYX. Nous aurions pu attendre les mêmes finalités en termes de recherche et de développement car les constructeurs veulent que leurs véhicules soient sécurisants et efficaces. Pourtant, ce design est loin des sentiers sur lesquels nous ont transportés les majors du secteur. Visionnaire puis consensuel comme a pu le faire Peugeot en produisant le Métropolis. Scooter aux traits esthétiques mais qui se glissa dans le sillage de Piaggio, sans révolutionner le secteur et en s’écartant totalement des promesses du concept Onyx.
Comment explique-t-on que le Kairos ne ressemble à aucun
3 roues du marché ?
Il n’a rien des modèles de Ludovic Lazareth, rien de GG technik, ni Piaggio et consorts. Encore moins à un bike-conversion comme sait le faire JML Concept Cars ou Erikwad Sturgis. Pourquoi n’être pas resté dans la catégorie deux roues et concurrencer le Niken de chez Yamaha ?
Une partie des réponses se trouvent dans le DRP et les Éléments Latéraux Mobiles (ELM). Sirems Association, c’est avant tout : réduire les dégâts que subissent conducteurs et passagers en deux et trois roues. Il est donc logique que l’approche soit différente. Le projet demandait de cranter en termes de sécurité, ajoutant des éléments qui influencent le design général. Associé à cela, le souci lié à l’adhérence et la mise en défaut de la fourche avant entraînant la chute des autres modèles. Ce mini-trike ou gros scooter 3 roues, est censé glisser et ne pas se retrouver totalement sur le flanc. En cas de drift, la largeur de voie et les suspensions devront contenir la force exercée en faisant glisser le train arrière sans le faire basculer ce qui oblige à ramener le centre de gravité au plus proche de la route. La fourche avant classique est soutenue par deux éléments latéraux mobiles (ELM), qui fonctionneront comme des patins en évitant que le scooter ne se couche et que l’asphalte n’ouvre la saison du barbecue avec votre jolie peau. Ils auront également la capacité d’amortir les chocs latéraux.
Concernant la position de conduite, nous nous approchons de la position d’un Can Am Spyder avec un guidon de type Street ou Excalibur. Les pieds sont posés derrières les ELM dans une position roadster. Il semblerait que les poignées soient au-dessus, voir un peu en arrière des genoux. Les images de la conception 3D laissent penser que la position pourrait être un peu hybride. Elle permettrait de mieux sentir sa machine dans les virages mais risquerait de fatiguer les moins habitués lors de trajets longs ou exigeants. La proposition du designer et des équipes de développement de faire incliner le Kairos est très intéressante car il y a peu de 3 roues en 1+2 (delta), qui propose d’épouser la courbe. À ce jour, il y a eu des propositions de 3 roues inclinables comme le Carver One ou Brudeli Tech et même des side-cars avec la génialissime société Side-Bike, tristement disparue. Ces propositions n’ont pas réussi à trouver leur public malgré des atouts indéniables en tenue de route et en emport.
Le Kairos semble s’adresser dans un premier temps aux acheteurs de scooters 3 roues. Achat souvent utilitaire mais qui devient vite un mode de vie et un plaisir. Les propriétaires de 3 roues demeurent fidèles à leur machine et à la catégorie L5e. Ces scooters tricycles sont faciles à mettre en route, sécurisant, pratiques en ville et en périurbain afin d’éviter les bouchons et trouver des places où se garer. Le Kairos doit donc avoir ces critères et se conformer à la législation 3 roues. Il faut également prévoir suffisamment d’autonomie et d’emport. Des contraintes opposées lorsqu’il faut se faufiler et se garer facilement.
Un des points forts du Kairos, c’est la compréhension de l’équipe d’étude sur ces sujets. Ce 3-roues, propose une position stable et de l’emport avec un coffre positionné dans la largeur de voie (entre roues arrière), un petit volume devant le conducteur et 2 espaces dans les ELM. L’obligation d’adhérence et de centre de gravité bas n’a pas permis de retenir l’option du top case sur une platine arrière.
Un coffre en position arrière est une hérésie. Le concept du Kairos est de prévenir les conséquences d’un choc frontal et d’un écrasement du conducteur. L’ensemble des mouvements du/des passager-s et du châssis, ont été étudiés, analysés et décortiqués afin de prévenir la projection du conducteur et éviter le retournement du scooter lors de l’impact. Un choc avant a parfois pour conséquence de projeter l’arrière du véhicule vers le haut, engageant un début de soleil. La finalité on la connaît, top case dans les cervicales et soupe à la paille pendant un bon moment.
L’équipe de développement a donc mis au point le fameux DRP.
« kessessa ! ? »
Le dispositif de retenue programmée prend en compte les risques de projection et d’écrasement et se positionne devant le conducteur. Il permet un couplage partiel du conducteur avec le Kairos en absorbant une partie du choc que le châssis n’a pas pu encaisser. La deuxième fonction après avoir fait perdre une grande partie de la force inertielle est de surveiller le soulèvement du scooter et de libérer le conducteur afin de grandement réduire la projection de ce dernier. Le conducteur évitera d’être projeté à plus de 25m en cas de choc frontal car ce dispositif devrait permettre de ramener la distance à moins de 10m. En faisant simple, le DRP va amortir le choc et éviter de vous transformer en projectile tiré placé sur un trébuchet.
Les ELM contribueraient également à la protection du conducteur en cas de choc latéral. À la vue de la position de ces derniers, nous visualisons qu’ils agissent comme des boucliers lors d’un choc avant et ¾ avant. Ce que nous ne savons pas, c’est dans quelle mesure ils se déforment et comment est protégé le pied du conducteur ? M. Girardi nous confirme que ce point est étudié et que les systèmes du Kairos empêcheront le blocage de la jambe. On adore les pompiers mais une désincarcération, même partielle, n’est jamais agréable. Comme expliqué précédemment, ils serviront de patins dans la même verve de ce que sait faire la marque Top Block. Les éléments latéraux mobiles bénéficieront également d’un design efficient permettant au Kairos d’avoir une traînée aérodynamique optimisée, de devenir des pare-jambes et des sliders. Côté aérodynamisme, il sera difficile de battre l’Aptera qui s’est offert le luxe d’un Cx (Coefficient de traînée) de 0.13, le meilleur du monde. Est-ce là l’objectif du Kairos ? S’il semble important d’avoir un Cx le plus faible possible, il faut garder en tête que ce 3 roues est urbain et périurbain avec les contraintes d’arrêts et de départs permanent. Il serait intéressant de découvrir les futurs essais en soufflerie et les estimations de gain de consommation afin d’évaluer ce qu’il est possible de gagner sur les batteries.
L’énergie, le nerf de la guerre.
Le châssis devrait accueillir en son sein le groupe motopropulseur d’une capacité de 15kWh ou de 20kWh selon la version tout en utilisant des batteries à électrolyte solide. Une technologie qui octroie une plage de température plus large et pas de liquide, limitant les fuites et donc les incidents et accidents qui pourraient survenir comme…
Le feu et les explosions. Un détail qui fait sens. Son cycle de recharge est amélioré sans perte significative après 1000 cycles. L’inconvénient reste son coût, plus élevé que les batteries Li-ion liquide.
Le Kairos souhaite garder la ligne en proposant un poids 15% plus élevé que la moyenne des scooters 3 roues mais dans une limite de 300kg, ce qui ne se sentira pas à la conduite car la fourche avant sera tirée de ce qu’il se fait déjà dans le commerce (souvenez-vous qu’a l’avant il n’y a qu’une roue), ce qui n’ajoutera pas de charge supplémentaire sur les bras. Les développeurs envisagent la possibilité de batteries supplémentaires dans les zones de rangement. Une solution que ne me convainc pas totalement même si l’idée est séduisante.
Côté dimension le Kairos devrait mesurer 1880mm par 670mm et répondra aux spécificités de la catégorie L5e. Doté d’un ABS et d’un contrôle de traction accompagné d’un balancier maison breveté (on se souvient tous de la mésaventure de Peugeot), cela en fait un 3 roues aux dimensions raisonnables qui embarque tout ce qu’on espère d’une machine sécurisante.
Le projet Kairos est aussi un signal fort aux ingénieurs qui souhaitent prendre des angles différents et développer des projets innovants. On encourage les inventeurs, les débrouillards et les constructeurs à toujours passer un cap. L’arrivée de ce 3 roues ouvre indéniablement un nouvel arc, comme a su le faire l’airbag à son époque. La maîtrise du temps et les technologies investissent nos machines pour toujours plus de sécurité, et on espère que ça ne sera pas au détriment du plaisir et de l’aventure. C’est un subtil mélange, un équilibre fragile qui peut transformer un simple outil en orfèvrerie du kif. Nous souhaitons au projet Kairos de trouver son chemin et d’ouvrir une nouvelle ère parmi les Joe Bar de tout guidon.